SOUVENIRS D’UN CAPITAINE AU LONG COURS
Yves Goilot
Je suis Mauricien. Je suis marié et nous vivons à Baie du Tombeau, village de pêcheur à 6 km au nord de Port Louis, Île Maurice. . Nous avons un accès direct à la plage et à la mer… une chance.
Nous avons 4 enfants : 40 ans, 36 ans, 33 ans et 29 ans.
Je suis retraité Capitaine au long cours. 25 ans de navigation et 20 ans de Management Portuaire.
Le 25 avril 2020,
J'ai dans les années 70 fait un trajet de 51 jours de mer du Bangladesh à l’Écosse en passant par le Cap, c’était déjà une forme de confinement.
Mon pays est au 36ème jour de confinement avec une levée prévue le 4 mai prochain.
Nos industries, tourisme, textile, aviation sont à l'arrêt et notre gouvernement a mis en place un plan de sauvetage qui devra certainement être prolongé et modifié. Nous avons 332 cas avec 9 décès et la situation épidémique semble être sous contrôle.
A part le fait d’être privé du reste de la famille, j'ai profité de cette période pour remettre en question mon style de vie et me suis replongé dans mes passions passées, jardinage, lecture, musique et cinéma. Le confinement me fait du bien !!!!
Je suis de la cinquième génération de Mauriciens. Mes ancêtres, originaires de l'Aveyron et du sud de la Bretagne, ont émigré juste après la révolution française. En France, ils étaient vétérinaires, médecins ou entrepreneurs. L’un deux possédait une forêt, coupait du bois qu’il vendait à un chantier navale et après une vente, il s'est embarqué pour l’île Maurice, alors colonie française.
Suite à la prise de l’île par les Anglais, mes ancêtres sont donc devenus sujets britanniques et c'est comme cela que toute notre éducation a été anglo-saxonne. Après des études secondaires, j'ai fait une école navale faisant partie de l’université de Southampton, puis mon apprentissage dans une compagnie anglaise et j’ai ensuite navigué une bonne vingtaine d’années.
Je garde un excellent souvenir de deux saisons sur les Grands Lacs ; la remonteé du fleuve Saint-Laurent jusqu’à Du luth dans le Minnesota... sur un «salt water boat » fut mémorable.
J’ai ensuite travaillé dans notre port.
Retraité depuis maintenant 15 ans, je continue à naviguer pour mon plaisir sur des voiliers avec des copains.
Mon pays avait peut être besoin de cette claque, nos dirigeants se prenant pour le nombril du monde alors que notre compagnie nationale d'aviation est en faillite et que notre industrie touristique ne tardera pas à suivre.
Notre chance est que nous avons une population éduquée et il ne manque pas de bons professionnels dans des secteurs clés, mais il faudra se mouiller face aux politiciens… les big brothers !!
© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020