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                GOING VIRAL                                     VIRAGE VIRAL 

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Robert McBryde 

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Je suis Canadien. Je suis en couple et nous vivons à Montréal. Nous avons deux enfants adultes (33 et 39 ans). 

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Ancien professeur de collège, actuellement traducteur travaillant pendant la pandémie depuis notre bureau à domicile.

Robert McBryde 

 

 

I’m Canadian. I’m in couple and we live in Montréal. We have two adult children (33 and 39). I’m 68.

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Former college instructor, currently a translator working during the pandemic from our home office.

April 2020

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GOING VIRAL

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Dystopia

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We live in downtown Montreal, in the heart of Chinatown. The viral panic has driven everybody off the streets except people without shelter. These neglected souls are left milling about in a state of distress, their mental health issues exacerbated exponentially by the climate of fear. Any notion of social distancing in this context is patently absurd.

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The streets are strewn with garbage that is picked up and blown about by the cold winds of a spring that has never really sprung. The scenes are reminiscent of Orwell’s 1984.

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Shopping involves a bizarre set of ever-changing rituals. Lining up, squirting (two squirts, three squirts), following the arrows, flailing at the plexiglass. People look like Halloween remnants: masked marauders, weird visors (Darth Vader clones), spectres wearing what look like pyjamas. Glowering, peering furtively, quaking about contact. Six feet apart. Six feet under.

What if all this ugliness and stress is worse for our collective health than any virus could possibly be?

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Mortality

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I’m 68 years old. I have a lung condition. In the current context of constant panic, I am in the throes of mega hypochondria. And my hands are chapped raw.

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I think about my impending death practically every moment of my waking day, and the spectre of death haunts my disturbed, nightmare-ridden sleep. It’s not primarily the virus that I fear; what terrifies me are the consequences of the prevailing stress and panic. I feel like I’m going to die from a heart attack at any moment. Absurdly. In a lonely abyss of futility. And my son and partner are suffering so much, my son chaffing in the chains of confinement and my partner drowning in a sea of anxiety.

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I have begun to script my funeral so that my family won’t have to do so.

I listen obsessively to a piece entitled Struggle for Pleasure.

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I want this played at my impending funeral.

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Virus from hell

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Our neighborhood is an enclave of horrible poverty and despair where people deprived of shelter congregate and mill aimlessly, desperately, alone.

A man staggers up to us on our filthy street. He looms menacingly, pauses, his face a rictus of despair.

“Goddamn, fucking VI-RUS,” he screams and then lumbers away.


 

Bad hair days

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Various friends and family members complain of very bad hair. Those our age are turning into geriatric hippies.

One says she’s discovered a silver lining in this crisis: where her grey roots are showing as the hair dye grows out.

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Dystopia revisited

 

Purchasing a tasty alcoholic beverage at the local SAQ liquor store. An absurd trial.

A pair of dudes outside the establishment. A table at their disposal, equipped with the ubiquitous hand sanitizer. They’re wearing Darth Vader visors. The mechanical third degree. Administered identically to each supplicant:

“ Travelled outside the country in the last 14 days?” No.

“ Any virus symptoms… cough, cold, fever?” No.

“All right. Press the cap twice. Two squirts. Go in and out of fast.”

I feel like giving a ‘wrong’ answer…”Just back from the Riviera actually…” See what happens. Like the crucifixion scene in Monty Python’s Life of Brian.

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Expelled from the garden

 

Our apartment building in Chinatown has a beautiful landscaped garden where we could walk and rest, away from the urban hell just beyond our doors.

Yesterday the authorities expelled us from the garden, on the grounds of virus security.

No tempting apple, just a snake. The snake of officious arbitrary authority.

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Rubber gloves and other protective measures

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In our garden yesterday, a man was seated on a lovely park bench. He was wearing a pair of blue rubber gloves and a bizarre plexiglass visor. He was smoking.

Good to see him looking after his health in these times of the virus!


 

Going to pot

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I’m regressing, taking up the habits of my hippie youth. (The viral no-haircut geriatric hippie look is a contributing factor.)

I’ve been devouring chocolate laced with cannabis, a birthday gift from our son in Ontario.

Music sounds so good. It helps drown out my raging anxiety.

The munchies. I’m developing quite the pot!

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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Avril 2020

 

VIRAGE VIRAL

 

Dystopie

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Nous vivons au centre-ville de Montréal, au cœur du quartier chinois. La panique virale a chassé tout le monde de la rue, sauf les personnes sans abri. Ces âmes négligées se retrouvent dans un état de détresse, leurs problèmes de santé mentale étant exacerbés de façon exponentielle par le climat de peur. Toute notion de distanciation sociale dans ce contexte est manifestement absurde.

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Les rues sont jonchées d'ordures qui sont soulevées et emportées par les vents froids d'un printemps qui n'a jamais vraiment vu le jour. Ces scènes rappellent celles de 1984 d'Orwell.

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Le shopping implique un ensemble bizarre de rituels toujours changeants. S'aligner, gicler (deux giclées, trois giclées), suivre les flèches, s'agiter devant le plexiglas. Les gens ressemblent à des restes d'Halloween : des maraudeurs masqués, des visières bizarres (clones de Dark Vador (1)), des spectres portant à ce qui ressemble à un pyjama. Ils sont renfrognés, regardent furtivement, tremblent au moindre contact. À deux mètres l'un de l'autre. Six pieds sous terre.

Et si toute cette laideur et ce stress étaient plus graves pour notre santé collective qu'aucun virus ne pourrait l'être ?

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Mortalité

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J'ai 68 ans. J'ai un problème pulmonaire. Dans le contexte actuel de panique constante, je suis en proie à une méga-hypochondrie. Et mes mains sont gercées à vif.

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Je pense à ma mort imminente pratiquement à chaque instant de ma journée de veille, et le spectre de la mort hante mon sommeil perturbé et cauchemardesque. Ce n'est pas principalement le virus que je crains ; ce qui me terrifie, ce sont les conséquences du stress et de la panique qui règnent. J'ai l'impression que je vais mourir d'une crise cardiaque à tout moment. C'est absurde. Dans un abîme de futilité solitaire. Et mon fils et ma partenaire souffrent tellement, mon fils s'agitant dans les chaînes de confinement et ma partenaire se noyant dans une mer d'angoisse.

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J'ai commencé à préparer le scénario de mes funérailles pour que ma famille n'ait pas à le faire.

J'écoute avec obsession une pièce intitulée "Lutte pour le plaisir".

Je veux qu'elle soit jouée lors de mes funérailles imminentes.

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Le virus de l'enfer

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Notre quartier est une enclave de pauvreté horrible et de désespoir où les gens privés d'abri se rassemblent et tournent en rond sans but, désespérément, seuls.

Un homme s'approche de nous en titubant dans notre rue crasseuse. Il se présente de façon menaçante, s'arrête, son visage est un rictus de désespoir.

" Esti de câlisse de ciboire de VI-RUUUUUS", hurle-t-il, puis s'en va.
 

Les jours de mauvais poil

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Plusieurs amis et membres de la famille se plaignent d'avoir des cheveux très moches. Ceux de notre âge se transforment en hippies gériatriques.

Une amie dit qu'elle a découvert le point lumineux de cette crise : ses racines grises apparaissent lorsque la teinture des cheveux disparaît.

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La dystopie revisitée

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Acheter une savoureuse boisson alcoolisée au magasin d'alcool local de la SAQ. Un processus absurde.

Une paire de mecs à l'extérieur de l'établissement. Une table à leur disposition, équipée de l'omniprésent désinfectant pour les mains. Ils portent des visières Dark Vader. Le troisième degré machinal. Administré à l'identique à chaque suppliant :

“ Vous avez voyagé à l'étranger au cours des 14 derniers jours ? Non.

“ Des symptômes de virus... toux, rhume, fièvre ?" Non.

"Très bien. Deux fois sur le capuchon. Deux pressions. Entrer et sortir rapidement."

J'ai envie de donner une "mauvaise" réponse... "Je reviens de la Côte d'Azur en fait..." Regardez la scène de la crucifixion dans La vie de Brian de Monty Python.
 

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Expulsé du jardin

 

Notre immeuble d'appartements à Chinatown possède un beau jardin paysager où nous pouvions nous promener et nous reposer, loin de l'enfer urbain qui se trouve juste derrière nos portes.

Hier, les autorités nous ont expulsés du jardin, pour des raisons de sécurité anti-virus.

Pas de pomme tentante, juste un serpent. Le serpent de l'autorité arbitraire et zélée.


 

Gants en caoutchouc et autres mesures de protection

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Hier, dans notre jardin, un homme était assis sur un joli banc. Il portait une paire de gants en caoutchouc bleu et une étrange visière en plexiglas. Il fumait.

Ravi de le voir s'occuper de sa santé !

 

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Laisser-aller

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Je régresse, je reprends les habitudes de ma jeunesse hippie. (L'apparence virale de hippie gériatrique sans coupe de cheveux est un facteur qui y contribue).

Je dévore du chocolat parsemé de cannabis, un cadeau d'anniversaire de notre fils en Ontario.

La musique, ça sonne si bien. Elle aide à noyer mon angoisse rageuse.

La fringale cannabique. Je développe une sacrée bedaine!

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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