CIEL BLEU - SOLEIL - ET MORT
Marie-Françoise Rivière
Je suis Francaise. Je vis à Caen, en Normandie, une région au nord-ouest de la France.
J’ai un fils qui vit à Caen et une fille qui vit avec sa fille à Bordeaux.
Je suis en retraite de ma carrière d’assistance sociale en milieu scolaire et universitaire. J’ai 73 ans.
Le 16 avril 2020,
12 mars 2020 c'est le jour 1…........ de l'enfermement. Et voici le jour 30 !!
Il fait beau, et assez chaud …
Pour moi, pas une réelle fracture. Je garde mes habitudes et mes routines.
Toilette, un bon livre, les réseaux, le téléphone, la télé, la cuisine… et de petites sorties.
J'entends les conseils : rangez vos placards, faites de grands ménages... Moi, je ressens plutôt une langueur paresseuse. J'attends le retour des amis, des repas apéros.
Le passé et les souvenirs m'occupent beaucoup.
Pas si terrible, en fait, lorsque le vieillissement est déjà un confinement. Alors, je souffre pour les enfants, petits-enfants privés de liens, eux aussi, emprisonnés.
Je pense aux «vieux», mourant seuls...
C'est un petite musique de peur, pour les miens, et moi-même
C'est une inquiétude pour cette humanité précaire, pauvre, en grand danger, face aux inégalités de vie, de soins...
C'est une défiance vis à vis de ce monde politique, économique, scientifique, aux abois
C'est une sidération à l'égard des thèses complotistes, des faiseurs de remèdes improbables, des exorcistes en Inde, des messes intégristes à Paris… La malédiction pesteuse n'est pas loin.
Alors, je suis, comme chacun. Je m'interroge sur la sagesse des peuples et la capacité à créer un «autre monde».
Cet enferment est-il une opportunité ou simplement une parenthèse ?
J'attends, sans ennui, sans colère - étonnée de voir le monde tant bouleversé par cet être si minuscule.
J'attends l'ouverture des portes mais je crois que l'attente va être très longue. Certains se mettent... au tricot ! Pourrais-je attaquer une écharpe ? Ou des masques ? que je terminerais le jour de la libération ?
© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020