Le 5 avril 2020,

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Anonyme, j’aimerais l’être pour ne pas me faire de soucis, je le mérite bien…

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Me voici, un adulte majeur et vacciné. Je disais constamment que ce qui nous arrive présentement allait nous arriver incessamment, soit dans 25 ans très probablement.

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Mais voilà, ça arrive, pas de la façon que j’avais prédite, moi Monsieur Catastrophe. Pas pour la crise climatique, pas pour la crise de notre production de masse alimentaire, pas pour les méfaits de la globalisation et l’absence de normes autres que «il faut produire au moindre coût sans se soucier des conséquences».

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Ça arrive, pas parce qu’il fait plus chaud ou plus froid, pas parce que l’avion que je pilote de Montréal à Paris va «brûler» 60 tonnes de carburant.

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Alors j’écoute mon bon gouvernement, j’écoute mes bons journalistes, mais quoi, ils disent la même chose, une copie conforme. Alors je me demande : «qui s’occupe de moi, qui m’informe?»

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Mais tout va bien aller, c’est ce qu’ils me disent. Bien sûr, si on suit les consignes.

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Mais quelles consignes ? Celles qui me disent que l’on fait tout ce que l’on peut pour tous et toutes.

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Celles qui me disent que les gens qui ne peuvent plus payer leur loyer, que les réfugié(e)s, que les travailleuse(eur)s du sexe, que les itinérant(e)s qui ont trouvé un logis mais qui vont le perdre, ne comptent pas, ne comptent plus.

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Et tout est bon dans nos CHSLD (1), ils ont au moins une infirmière par 6 étages. Les autres sont en congé de maladie même avec la prime de performance. Les directeur(rice)s, qui ont été supprimé(e)s, coupures budgétaires nécessaires, sont remplacés par des temporaires qui ne savent et ne peuvent RIEN. Mais bon, on y croit, on fera avec, sans masques, sans respirateurs, sans moyens. Et puis quoi, ma grand-mère, ma mère, ma tante, (toutes des femmes, que voulez-vous elles vivent plus vieilles que nous quoi) l’ont attrapée !!! «Pourquoi elle ? Je vous l’ai confiée il y a 3 ans, je m’excuse de ne pas avoir eu le temps d’aller la voir, mais vous, on vous l’a confiée, quand même»!!! Et la ministre elle nous a dit qu’elle s’en occupe personnellement Et le Donald Duck américano, est-ce qu’il en profite pour écraser le Venezuela?

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Je suis privilégié, je me suis réfugié à la maison de campagne. Bon, il y a les crétins qui passent avec leurs motos et qui font vroum vroum, genre Harley-Davidson pétaradante, genre baby-boomer égocentré «je suis libre de faire ce que je veux, quand je veux, c’est MON droit, MA liberté». Il y a les «jeunesses» genre «char» (2) turbo chargé à la testostérone, sans policiers aux alentours aidant.

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Mais il y a mon vélo… et les castors, et les grands harles (3) dans la rivière, les harles couronnés dans l’étang et tous les oiseaux chanteurs de retour du sud et non placés en quarantaine, encore présents à la campagne (seulement).

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Et bien sûr mon amoureuse auprès de moi, et ma fille et mes garçons qui s’occupent de nous rappeler, et par bien des façons, que nous sommes sur une mauvaise trajectoire et qu’ils essaient de nous enfarger (4)pour pouvoir retrouver le NORD, le sens commun. (Bien fier d’eux et elle)

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Et moi, mon fonds de pension !!! Bon je vais survivre, je le saurai bien assez, je le saurai encore.
 

Humblement,

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Gilbert

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1  CHSLD : Centre d’hergement et de soins longue durée

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2  Un «char» : nom familier usité pour désigner une voiture au Québec

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3  Le plus grand canard du Québec (Long. 62 cm Env.89 cm), le grand harle vit près des plans d'eau des forêts, peut être aperçu dans les parcs, lors des migrations. Présent sur tout le territoire du Québec, sauf le Grand-Nord. Le harle couronné est plus petit.

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4  D’emploi tout à fait courant au Québec : faire tomber, trébucher. Enfarger De l’ancien français enfergier, Se prononçait aussi enfargier et signifiait entraver en plaçant deschpines ou des fers. S’enfarger au sens propre : se prendre les pieds (dans les fils électriques par ex.), au figurer : s’empêtrer dans les difficultés.

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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