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UN ROND… LA VIE !

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Dominique Poirat

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Je suis née en Ontario. J’ai vécu un peu partout au Québec dans des boites de carton. Mes racines se sont mises finalement à pousser dans la région du Lac Saint-Jean vers la fin de ma vingtaine. Elle m’a adoptée, il y a maintenant 36 années. Ensemble, on est devenu très liées l’une à l’autre. Cette terre me donne l’abondance : un roc, un sentiment d’appartenance et celui de m’être enfin trouvée.

 

Je vis seule depuis maintenant presque six années. J’ai un fils et une belle-fille très amoureux l’un de l’autre. Ils ont eu Xavier, leur premier enfant il y a maintenant deux mois.

 

Je travaille encore avec beaucoup de passion et de plaisir comme architecte à accompagner des communautés pour revitaliser les noyaux historiques des villes et villages au Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans d’autres régions du Québec

 

Le 7 juillet 2020,

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La pandémie ?

 

Un moment historique que je ne pensais jamais vivre dans ma vie : une sorte de guerre en silence où tout s’est arrêté et s’est mêlé brusquement quelque part à la mi-mars pour le Québec. Dans le monde, chacun(e) terré(e) chez soi ou en déconfinement ou reconfinement. Des milliards de personnes se sont isolées dans leur maison pour rester en santé et ce au détriment de l’économie. J’ai peine encore à croire que la santé des gens ait passé avant l’économie. Je me pince encore pour y croire…

 

Tous ces mots que j’entends à répétition : pandémie, épidémie, distanciation sociale, contamination communautaire, virus, bactéries, désinfectants, nettoyants, confinement, déconfinement et reconfinement. Je crois les comprendre un peu mieux. Je les ai vécus avec des émotions parfois mêlées de crainte, d’étonnement, d’isolement et d’ennui de l’autre.

 

Toutefois, pour ressentir de la confusion, vivre au quotidien l’expression «distanciation sociale» n’a pas son pareil !!! Je dois avouer que je suis encore en réflexion (ou encore en confinement) pour adapter ma vie afin de m’ouvrir et à la fois me protéger, protéger mon petit-fils nourrisson, protéger les autres et continuer de vivre ma vie… Parfois, je ne sais plus trop comment «danser» avec cette partenaire : la «distanciation sociale»! …On nous répète que l’on peut être porteur(e) sans même ressentir un seul des symptômes…Je trouve ça déstabilisant. Et, je vis parfois la confusion d’avoir à garder mes distances mais progressivement, je sors de ma «grotte»!

 

La pandémie m’a fait vivre aussi dans mes entrailles l’émotion d’un grand apaisement avec la naissance de mon petit-fils, à la maison des naissances à Chicoutimi. Un grand soulagement ressenti avec cette naissance dans ce milieu protégé, à l’abri d’un centre hospitalier où une partie du personnel du centre obstétrique a été affecté par la COVID quelques semaines avant… Alors, même si ma première rencontre a été étrange, dehors au froid et derrière la vitre du salon de ses parents, je me sens très reconnaissante à la vie que cet accouchement se soit passé dans un nid aussi douillet avec deux sages-femmes pour guider les jeunes parents.

 

Cette période en est une aussi de joie profonde et paisible liée à la naissance de mon premier petit-enfant. Notre rencontre la plus touchante a été ce moment où un matin à l’aube, je l’ai bercé très longtemps. Nos yeux ne se sont pas quittés pendant un très long moment, immobiles. Pendant ce voyage silencieux, nous nous sommes touchés du regard. Deux personnes, un cœur à cœur, un temps d’une grande tendresse indéfinissable entre nous deux… Je n’ai aucun mot pour décrire ce que j’ai vécu. Mais, ce moment me lie éternellement à mon petit-fils.

 

Cette contagion planétaire me rappelle que moi aussi je peux en être malade ou en mourir et que ma vie possède une date de préremption. Alors j’ai aussi pris une décision, que je ne veux pas vivre ce que les personnes âgées en très grande perte d’autonomie et isolées ont vécu en CHSLD. La mort assistée serait pour moi à envisager, si je devenais un poids pour mes proches.

 

Cette année, je n’ai jamais autant aimé mon potager. Parce que c’est dans mon jardin que j’arrive à renouer sans cesse mon alliance avec le grand mystère de la Confiance…

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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