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Robin Dromard 

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Je suis Français et, avec ma compagne italienne, nous vivons à Turin, après quelques années passées à Montréal.

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Je travaille en freelance en communication numérique et vidéaste. Je n’ai pas été trop touché par la crise heureusement.

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Personnellement, j’étais serein pendant le confinement tout en restant prudent plus pour les autres que pour moi-même. Le confinement a été plus dur pour mes parents, notamment mon père qui est un grand marcheur. J’ai quand même hâte de ressortir à visage découvert.

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le 15  mai 2020

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Quatre mois que le coronavirus court, quatre mois que le monde est à l’arrêt, quatre mois que les journaux télévisés n’ont plus qu’un seul sujet à traiter. Et le sujet a été tourné et retourné dans tous les sens avec quelques points fondamentaux tout de même : le décompte journalier des victimes, les soignants devenus héros du jour au lendemain, la nature qui reprend ses droits, les conseils du nouveau médecin-présentateur et la fameuse question «Comment sera le monde de demain ?».

 

Déjà que la situation était anxiogène, il fallait encore en rajouter une couche en comptant les morts quotidiennement. C’était systématique au début, notamment sur les chaînes françaises qui parlaient des pays voisins. Vous savez quand la France pensait encore que le covid, alors au pied des Alpes italiennes, aurait la bonté de faire comme le nuage de Tchernobyl. Au même moment où il fallait répondre à ces devoirs civiques et aller voter pour son nouveau maire, juste quelques jours avant de déclarer la guerre au virus.

 

Une fois la pandémie arrivée dans l’hexagone, on a commencé à se dire : «Bon compter les victimes tous les jours, ça plombe un peu le moral quand même. Allez maintenant on se concentre sur les soignants, on parle de leur bravoure, un peu de leurs problèmes et surtout des applaudissements tous les soirs. Ah et puis, on n’a pas un médecin sympa qui pourrait venir sur le plateau répondre aux questions Twitter ?» Ne vous méprenez pas, je ne dis pas qu’on aurait dû se passer des conseils de notre cher médecin-présentateur (ou présentateur-médecin on ne sait plus vraiment) et oui «cher» car, à l’instar d’un PPDA (1), il est un peu entré dans nos foyers maintenant. Et on a découvert avec surprise l’Achille des temps moderne : le personnel médical. Bien évidemment, je ne remets pas en cause leur courage et leur engagement sans faille. Cependant, ce sont les mêmes qui manifestaient jeudi 14 novembre 2019 et pas sûr qu’ils étaient applaudis aux fenêtres cette fois-ci. Des années de restriction budgétaire sur les talons, ça use.

 

Alors on arrive à la grande question «Comment sera le monde de demain ?». Oui parce qu’entre temps, on a eu le droit aux belles images des canaux limpides de Venise, des rorquals venus gambader dans les calanques marseillaises et de tous ces avions cloués au sol. Chaque médaille a un revers et côté environnement, celui du corona est plutôt positif. Mais même à la mode, l’environnement passe après la croissance et il va falloir faire tourner les machines pour rattraper ces mois de perte. Les pigeons, et je ne parle pas de la columba livia (2), vont de nouveau envahir la Piazza San Marco, les balaenoptera physalus vont reprendre le grand large et les compagnies qui n’ont pas fait faillite redécolleront.

 

Alors comment sera le monde de demain ?

Comme hier.

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1    PPDA : Patrick Poivre D’Arvor, nom d’un journaliste très connu de la télévision française. (Note JPC)

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2   Autre nom du pigeon Biset qui a envahi beaucoup de centres villes, dont Venise. (Note JPC)

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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