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LA NATURE SANS LES AUTRES 

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Fabienne Garlatti

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Française d'origine, j'ai émigré à Vancouver, en Colombie-Britannique, il y a 20 ans et je vis actuellement à Montréal, au Québec.

 

Je suis consultante pédagogique et j'œuvre dans le communautaire, auprès des nouveaux-arrivants, mais on me trouve souvent à vélo ces jours-ci à la recherche de nouvelles expériences et perspectives.

Le 8 mai 2020,

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Vous arrive-t-il de sortir sans votre cellulaire ? Pour nombre d’entre nous, quand ça arrive, c’est soit par oubli, soit une gageure. Personnellement, comme travailleuse autonome, je l’utilisais souvent pour mon travail, mais aussi pour photographier des moments de vie sociale, que ce soit en famille, entre amis ou lors de rencontres associatives. Et, plus rarement, pour me souvenir de lieux rattachés à des expériences, car au fil des ans, j’avais fini par comprendre que les choses et les monuments de mes voyages n’avaient plus l’attrait des visages.

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Un peu par nostalgie, un peu par souci de réduire mon bagage virtuel, j’ai fait le tour des photos sauvegardées sur mon ordinateur depuis le début de cette drôle d’année. Janvier, février... les visages sont bien là et ils rayonnent. Magie de l’appareil qui éveille un sourire en un clin d’œil ? Catalyseur de sourires qui se nourrissent de la présence d’autrui et de l’attention toujours un peu flatteuse de l’objectif ? Les caméras de surveillance qui vous « capturent » aux quatre coins de la ville ne font assurément pas le même effet.

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Mes albums photos des mois de janvier et de février me font maintenant sourire, moi, la photographe. Car l’émotion est là, gravée dans la physionomie des visages. Et des visages, il y en a. D’un atelier de 9 personnes à un weekend en nature à 18 en passant par un 5 à 7 à 23, c’est le bon temps emmagasiné pour plus tard.

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Les paysages, eux, sont rares et l’émotion qui me les a fait prendre est hors-champ et déjà perdue dans les souvenirs. En mars, en avril, la donne change. Une sortie nature à 11, une marche à 6, une sortie vélo à 2 et... des arbres et des étendues d’eau, saisies de préférence au coucher du soleil. C’est la dégringolade des visages et l’escalade des paysages avec leurs émotions hors-champ. Mes photos de mars et avril me font réfléchir. Sur ma relation à la nature et ma relation aux autres.

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La nature a, là aussi, repris le dessus. Et que la nature est belle quand on prend le temps de la voir ! Mon cellulaire ne suffit plus à contenir tous les arbres qui croisent mon chemin et les ciels ennuagés qui ponctuent nos belles journées mouvementées. La nature m’apprend à me contenter d’être avec moi, à cultiver qui je suis, à me sentir en relation. Certes, cela ne comble pas le besoin d’attention et de reconnaissance. Mais cela m’en libère parfois. On se sent tellement moins seul quand on s’habitue à être au lieu de faire. Et être se fait tellement mieux devant plus grand que soi. C’est ce que m’enseigne la nature. L’autre reviendra, sereinement, naturellement.

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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