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IMPACTS SOCIAL ET SPIRITUEL DU COVID-19 : CAS DU TCHAD

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Fidèle Dodom Ndildongar

Je suis TchadienJe vis dans la capitale, N’Djamena 

Je suis travailleur social, Inspecteur principal des Affaires Sociales, option éducation de jeunes enfants. Je suis enseignant à l’Enass (École Nationale des Agents Sanitaires et Sociaux), actuellement Chef de division de l’encadrement de la petite enfance.

Je suis également Pasteur d’une église Protestante à N’Djamena , je travaille beaucoup avec la communauté dans le cadre de développement en général.

Je suis marié, père de 4 enfants, mais j’ai élevé des enfants orphelins, les enfants de mes cadets et ma grande sœur.

Le 5 avril  2020,

Introduction

Le monde est confronté à une crise sanitaire mondiale. Le Covid-19 menace l’humanité toute entière avec des conséquences incalculables, non seulement sur le plan sanitaire, mais aussi et surtout sur le plan socio-économique, éducatif et spirituel. De facto, l’OMS a classé l’événement comme étant une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) le 30 janvier 2020.

L’Organisation des Nations Unies (ONU), elle, a élaboré un plan de réponse globale contre le Covid-19 d’avril à décembre 2020 autour de trois priorités stratégiques : (1) Contenir la propagation de la pandémie du Covid-19 et réduire la morbidité et la mortalité. (2) Réduire la détérioration des avoirs et des droits humains, de la cohésion sociale et des moyens de subsistance. (3) Protéger, assister et plaider en faveur des réfugiés, des personnes déplacées et des communautés d’accueil particulièrement vulnérables à la pandémie.

Au Tchad, avant la confirmation du premier cas dans le pays (19 mars 2020), le Ministère de la santé publique de concert avec les partenaires techniques et financiers a élaboré un plan de réponse sur une période de 12 mois allant du 1er Mars 2020 au 28 Février 2021. La mise en œuvre de ce plan a conduit le gouvernement, outre la prise en charge des cas, à prendre les mesures de restriction suivantes :

  • Suspension des vols internationaux ;

  • Fermeture des frontières ;

  • Fermeture des bars, restaurants et boutiques non alimentaires ;

  • Fermeture des établissements d’enseignement ;

  • Fermeture des églises, mosquées et les lieux des cultes.

  • Installation du couvre-feu ;

  • Etc.

Outre ces mesures de restriction, les mesures dites « mesures barrières » édictées par le gouvernement et les techniciens de santé, ont laissé des impacts sur le pays qui de par sa situation géographique est un pays déjà « confiné 1» et sur la population à haute vulnérabilité.

Notre réflexion, loin d’être une analyse politique moins encore un diagnostic sanitaire, se veut une modeste contribution pour analyser les effets négatifs et positifs des mesures prises pour riposter le Covid-19.

Notre approche consiste à relever ou identifier les impacts sociaux et spirituels liés à cette pandémie.

  1. Au plan social

De prime à abord, il faut se rendre compte que cette maladie a surpris les populations tchadiennes, aussi bien que les dirigeants. Tout le monde ne s’attendait pas à l’ampleur et à la vitesse de la propagation du Covid-19. On pensait que ce fléau devrait être le cas des pandémies de grippe aviaire, de fièvre Ébola, etc. qui sévissaient autrefois en Afrique, lesquelles n’avaient jamais atteint le Tchad, combien de fois une maladie qui a commencé en Chine très loin, oubliant que le monde est un village planétaire.

Des avis des citoyens lambda, on se rend en évidence que les gens se plaignent beaucoup plus des mesures que de la maladie elle-même. Pourtant, le Covid-19 est loin d’être un mythe. Elle est une réalité dans notre pays.

  1. 1  Impacts sociaux supposés négatifs

La maladie de Covid-19 a affecté négativement la somatique, les habitudes et la culture de l’être humain.

À l’heure où l’on ne s’assure pas de la thérapie appropriée et efficace contre le Covid-19, la population tchadienne qui se plaignait depuis longtemps de la qualité de plateau technique des structures des soins, ne sait à quel saint se vouer. Cette perception engendre plus de peur que de mal.

Les Tchadiens se reconnaissent par leur hospitalité, leur solidarité agissante, leur générosité qui sont des valeurs morales et humaines. Pour manifester ces valeurs, ils se saluent en se serrant les mains, en donnant des accolades, ils mangent ensemble, etc. Le Covid-19, avec tous ces corollaires des mesures, est venu suspendre ou mettre fin à ces habitudes. Cette situation est perçue par nombre des personnes comme une atteinte à l’intégrité physique, morale et affectif.

Aujourd’hui, on nous empêche de pleurer nos morts, on nous empêche d’organiser des funérailles et d’enterrer honorifiquement ceux qui nous sont chers, on nous empêche de célébrer les mariages, on nous interdit toutes les manifestations festives au nom des mesures contre le Coronavirus. Comment l’on peut retrouver son âme en pareille situation ? Cette réflexion suffit de qualifier le Coronavirus comme un redoutable ennemi contre la culture, les valeurs sociales

Aussi la peur d’être déclaré positif et mis en quarantaine empêche-t-elle les gens d’aller se soigner à l’hôpital pour d’autres pathologies. Se mettre en quarantaine est synonyme de prison qui est considéré dans notre culture comme une ignominie.

Les mesures de restriction pour la riposte de la pandémie de Covid-19 pèsent négativement sur l’économie du pays déjà fragilisée, quand on sait qu’elle est basée sur le secteur primaire, surtout que plus de 80% des populations est rurale.

  1. 2. Impacts sociaux supposés positifs

Les valeurs à capitaliser par rapport à cette pandémie ne sont pas à négliger. Le respect des mesures barrières et les règles d’hygiène telle que le lavage des mains peut être valorisé et pérennisé pour éviter d’autres maladies des mains sales (diarrhée, choléra, vers intestinaux, etc.) et les maladies hydriques (fièvre typhoïde, bilharziose, vers de guinée, etc.).

Le réflexe positif constaté à N’Djamena est l’effectivité des dispositifs de lavage des mains dans tous les bureaux administratifs et dans bon nombre des ménages, l’utilisation de l’eau de javel, de gel des mains, le port des masques, etc.

   2.  Au plan spirituel 

La fermeture des églises, mosquées et lieux des cultes à cause de Coronavirus est entendue et comprise par certains religieux comme une persécution, d’autres considèrent cette maladie comme un châtiment de Dieu ou un signe de fin des temps, d’autres encore pensent que c’est Satan qui se déchaîne pour accomplir son dessein maléfique.

En effet, le Covid-19 est le seul maître absolu auquel les nations du monde, les organisations mondiales, les grandes puissances obéissent à son ordre.

  1. Aspects spirituels supposés négatifs​​

Lorsque les chrétiens, les musulmans, bref les religieux ne peuvent pas se réunir en corps et en esprit pour prier, adorer, louer et exalter Dieu le Créateur, alors on estime que la situation a dépassé l’entendement. Car pour beaucoup, rares sont des occasions obligeant les responsables religieux à fermer les lieux des cultes.

Face à ce drame spirituel, on note que la foi, pour ne pas dire l’amour de bon nombre des chrétiens est refroidi, beaucoup de chrétiens semblent être désaxés et ont perdu le repère.

Les activités de développement éducatives et socio-économiques (établissements scolaires et universitaires, les dispensaires et hôpitaux, les fermes agricoles, etc.) des églises ont pris un coup sous le Covid-19.

​     2. Aspects spirituels supposés positifs

 

La parole de Dieu déclare « …toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu… » (Rom 8.28).

En nous basant sur cette vérité, posons-nous la question, quels sont les aspects positifs du covid19 ?

Le Covid-19 a surgi, opportunément pour conduire le peuple de Dieu à l’organisation des cultes en famille. La vie en famille, pour l’éducation et l’encadrement de nos progénitures dans la Parole de Dieu, semble refaire surface.

Pendant ces moments sombres, plusieurs religieux surtout les chrétiens se tournent vers Dieu par les prières de supplication, de confession, d’intercession et de requête.

Au demeurant, le Covid19 a marqué le cours de l’histoire mondiale et mérite de lui concéder une page historique dans nos anales.

Rappel des mesures barrières et gestes d’hygiène

  • Se laver les mains régulièrement avec du savon et se les essuyer avec un essuie-mains à usage unique ou les désinfecter avec une solution hydro alcoolique ;

  • Se couper les ongles bien courts ;

  • Tousser ou éternuer dans son coude ;

  • Utiliser des mouchoirs à usage unique (à jeter dans une poubelle fermée, si possible par un couvercle activable par une pédale ou tout autre dispositif qui ne nécessite pas l’ouverture directe avec la main et équipée d’un sac plastique), ou avec le bras ou la manche ou avec les mains (s’il est possible de se les laver immédiatement après) ;

  • Éviter de serrer la main ou de s’embrasser pour se saluer, proscrire les « bisous ;

  • Vider et laver tous les jours les poubelles ;

  • Respecter les mesures de distanciation sociale.


 

1  au sens de pays enclavé, sans accès direct à l’océan mondial. (Note JPC)

© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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