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IMPASSE   

                LE CONFINEMENT DANS TOUS SES ÉTATS                                                                                                                         RAP EN DO MINEUR

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Christiane Gagnon

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Depuis quarante ans, Christiane Gagnon est une voyageuse Québécoise éprise d’une passion inextinguible : découvrir et vivre dans des lieux singuliers pour mieux comprendre comment à la fois le territoire façonne le mode de vie et, à la fois, est façonné par la culture de ses habitants. Malgré son âme nomade, elle s’est engagée socialement dès les premières heures du mouvement écologiste s’inspirant notamment des travaux précurseurs d’Ignacy Sachs sur l’éco développement.

 

Poursuivant des études doctorales en aménagement du territoire, elle fit une carrière de chercheure et professeure universitaires au Québec et ailleurs dans le monde, dans les domaines de la géographie, du développement territorial viable en lien avec les enjeux socio-environnementaux.

 

Aujourd’hui retraitée, elle consacre son temps d’écriture à la poésie et au récit de voyage, «Du Québec à la Mayenne. L’écho des pas de mon ancêtre» (Amalthée, 2017).

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Christiane habite à Chicoutimi, au Saguenay, Québec.

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Avril et mai 2020,

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IMPASSE 

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Depuis, toute la ville s’est tue

Tous confinés dans nos huttes

Plus de forme mouvante, de cohue

Seul, un silence absolu

Dans l’œil planétaire du flux

 

Nous roulions à toute allure. Vite, plus vite Léon

Pédale au fond, nous mangions le bitume en glouton

L’extérieur défilait. Assis sur l’aile d’avion,

La beauté du monde n’était que vile séduction

Même une Vénus de Milo, qui fait du pouce, nue

Ne pouvait arrêter la rude compétition

Ni même le séquoia au milieu de la rue

Aller! Aller! Ni vu, entendu, ni connu

Aye! Est-ce que nous arriverons les premiers Léon?

 

Depuis, toute la ville s’est tue

Tous confinés dans nos huttes

Plus d’ombre mouvante, de cohue

Seul, un silence absolu

Dans l’œil de l’infernal flux

 

Le moteur du char chauffait au boutt. On riait

Nous traversions des torrents d’eau sur le trajet

Inondation de maisons, de végétation! Tout autour flottait!

Nous arriverons les premiers? Pèse donc sur le champignon!

Puis, les forêts bleues d’eucalyptus brûlaient

Pure magie! Les volutes de flammes fascinaient,

Le lion du cirque dans son cercle de feu. La musique au fond

Une montagne russe de terres ridées nous soulevait

Aye! Une seule question : est-ce que nous arriverons les premiers Léon?

 

Voyons! C’est saccagé! Impasse. Ni flèche en U!

Seul un face-à-face pour l’ultime instant absolu !


© Christiane Gagnon, 28 mars 2020

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LE CONFINEMENT DANS TOUS SES ÉTATS

 

Le confinement, un temps libéré

De l’étau où il était compressé

Où la fleur n’était plus apprivoisée.

Écouter le silence, marcher, penser

 

Le confinement, insolite espace-temps

Des heures langoureuses, tel le chat s’étirant

Devant les aiguilles tournoyantes du cadran.

Des jours-nuits s’enlaçant comme des amants

 

Le confinement fait de la peur son lit

De l’Autre, une menace, un ennemi

Un futur teinté d’imprévisibles soucis.

Qui se nourrit de maladie, de pandémie

 

Le confinement, seul-ensemble en porte-à-faux

Planétaire, en boucle sur tous les réseaux

Des villes où s’entend le chant des oiseaux.

Enterrant même les coups des chassepots

 

Le confinement, un voyage au cœur du soi

Une thérapie dans une serre fleurie de semis

Du hatha yoga zen sur le tatami.

Ressentir le souffle profond de vie

 

Le confinement, le pays de l’imaginaire

Faire autrement face à l’extra-ordinaire

Du pain à la construction de sa chaumière.

Dessiner le possible de l’écologie-mère

 

Le confinement, une ère de changement ?

Une sorte de tohu-bohu du printemps

De vide-grenier d’encombrants et de carcans.

Une place équitable pour tous les êtres vivants

 

©Christiane Gagnon, 28 avril 2020

RAP EN DO MINEUR 

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Mal de mer / creux de vague / tangage / sous-la-ligne-de-flottaison / vague déferlante/ tsunami/ Mayday-Mayday/

 

mal de terre / tournis convulsif / miasmes / haut-le-corps / toucher virtuel / existence / je suis confinée donc je suis /

 

mal des ténèbres /air raréfié et tarifé/ lave brûlante / lumière contre noirceur/ crise tous azimuts /

 

Minautore / labyrinthe sans fil / hurlements des tréfonds / oubli des vies usées / réveil brutal

 

tourments de désamour / chaumières en détresse / espoirs plombés / SOS femmes / quel numéro ?/ m’a-i-d-e-r/

 

vacuité des lieux / adversaires invisibles / fiction subjuguant la réalité / biches et crocodiles dans les villes /

 

aurores boréales du désert / flux océanique détourné / continents fumants / tyrannie des extrêmes /

 

sables mouvants / piétinements de la matrice / menaces et éclipses / chamboulements / effondrements ?

 

©Christiane Gagnon, 14 avril 2020

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© Mosaïque - Jean-Pierre Coiffey 2020

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